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MarsInRock

1 septembre 2006

We are all animals

The Rakes fait partie de la déferlante anglaise actuelle...Soit on se détourne immédiatement de l'objet étant pris d'une therakesnausée soudaine rien qu'à la vue de cette appelation, soit on daigne se pencher sur l'album sorti en 2005: Capture-Release. Et il est bon parfois de se laisser tenter par ces jeunes garçons à la tête de puceaux coincés, aux tee-shirts trop courts et aux blazers dignes des débuts de Dépêche Mode.

La basse est violente, la voix parente proche de Ian Curtis, les riffs efficaces et soutenus, les paroles intelligentes (oui, oui c'est possible !) et les mélodies vous trottinent dans la tête des heures durant ...Un mélange de bons, très bons ingrédients !! Et le plaisir devient suprême lors du concert: les musiciens se déchaînent, le chanteur semble pris de convulsions, et tout votre corps est entraîné dans ces diaboliques mélodies de Retreat ou Strasbourg. Les chansons ne s'arrêtent pas, une reprise de Gainsbourg par ici ( Le poinçonneur des Lilas ), un single par là ( Open Book, pub pour l'équipe de France), une base rythmique puissante et jouissive, c'est le plaisir musical dans toute sa splendeur !

therakes2

Ne pas s'arrêter à l'appréhension, écouter, savourer,profiter, danser,  exploser, sentir la vie fourmiller dans tout ses membres.

Voilà à peu près ce que l'on ressent à l'écoute de cet album, une véritable façon de vivre se dégage de cette musique ... Rock, tout simplement.

Ecoutez We are all animals et vous comprendrez ce sentiment, cette puissance qui soudain vous arrache du quotidien pour vous emmener dans le monde magique des Rakes...

A écouter

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29 août 2006

Année Zéro

rossellini    Allemagne Année Zéro, film réalisé par Roberto Rossellini en 1947, à la fois documentaire et fiction, décrit la vie d'une famille pauvre au lendemain de la guerre. L'action se situe à Berlin, complètement dévastée, où ne subsistent que les vestiges des immeubles, les cartes d'alimentation, la pénurie et le désastre social.

    Edmund, garçon de 12 ans traîne dans ce désert ses journées durant pour trouver de quoi nourrir sa famille composée d'un père mourant, d'un frère nazi sans travail et d'une soeur. Ce n'est que grâce à elle et ses cigarettes ramassées de part et d'autres, et lui que la famille évite la famine. Il rencontre alors un ancien professeur qui lui rappelle le principe d'Hitler d'élimination des faibles et des inutiles pour la survie de la communauté...Le pire est à venir...plans_zero04

     Ce drame aux allures documentaires n 'en est pas moins un chef d'oeuvre. Chef d'oeuvre, d'abord par la mise en scène et la réalisation, concentré de néo-réalisme, les vastes plans de ville dévastée contrastant avec les gros plans sur les personnages: désespoir du père et inquiétude de la soeur, errance d' Edmund. On entre dans chaque visage et celui-ci nous frappe par son intensité...Contraste également de la lumière, silhouette filiforme du jeune garçon sur une immensité blanchâtre, bâtiments noirs dans lesquels aucune lumière n'apparaît.

   Chef d'oeuvre ensuite par le sujet, véritable témoignage de la destruction plans_zero08d'une ville et de tout ce que celà implique...Le faux espoir d'une vie à nouveau normale, la solitude de chacun face à la mort, la honte des perdants. Edmund y est confronté et ne sait que faire, il ne joue pas, ne travaille pas, ne dort pas chez lui, ne vit pas, en somme... C'est cette sensation d'abandon qui caractérise le film, une sensation de vide que rien ne semblera un jour combler.

                         

                                                rosselini

 

26 août 2006

Hécatombe

    Arthur Lee, fondateur du groupe Love en 1965 est mort des suites d'une leucémie le 3 août dernier. Votre vie n'en a pas été bouleversée, la mienne non plus, et pourtant...Pourtant, il semblerait que le sort  s'acharne sur ces génies musicaux sortis de l' ombre au milieu des années 60, artistes maudits, drogués, peu reconnus, oubliés, mais capitaux dans les bouleversements musicaux de ces années. On compare souvent Arthur Lee à Syd Barret, même époque psychédélique , même attraits pour les drogues, personnage obscur à qui son groupe ne survivra pas. arthur_lee

Love est formé en 1965 à Los Angeles avec notamment le guitariste Brian Mc Lean et le bassiste Kenny Forssi, groupe multi-racial donc dans une époque en pleine explosion psyché, cotoyant Jefferson Airplane ou Grateful Dead. Le groupe habite dans le manoir de Bela Lugosi et se livre à de nombreuses expériences chimiques et musicales. Da Capo sorti en 1967 révèle le style Love: guitares dissonantes, morceaux très longs (18 minutes pour Revelation, une véritable révolution à l'époque), orgues et rock, explorations en tout genre. Le succès commercial n' est pas au rendez-vous, même avec Forever Changes qui sort peu de temps après.

    Cet album est salué par la critique de l'époque comme un chef d'oeuvre et il est encore reconnu comme tel de nos jours. Et pour causes, des mélodies émouvantes, une richesse musicale exceptionnelle, un rock symphonique, psyché, comme on en avait jamais entendu, des paroles angoissées, des arrangements  minucieux à l'extrême...

love Forever Changes marque malheureusement la fin de Love en tant que tel, poursuivi par les créanciers, peu reconnu face à la montée en puissance des Doors qu' Arthur a présenté au label... Mc Lean quitte le groupe en 1968 après une overdose suivi de tout les autres qui finiront en prison. Arthur  compose  un album avec de nouveaux musiciens pour clore son contrat avec Elektra mais enterre définitivement l'appelation Love en 1974 au vu de l'absence évidente de succès de son groupe. Après 8 ans de prison, Arthur Lee lance une tournée en 2001 en reprenant uniquement Forever Changes, et nous quitte malheureusement cet été.

Il suffit d'écouter Alone Again Or () pour se rendre compte de l'imagination et de la créativité de ce groupe qui donna à son époque ce goût si savoureux...

21 août 2006

Les perles de Sausset

  On connaît tous les perles du bac, voici les perles de Sausset, témoignage direct de ce que j'ai vu, entendu et supporté pendant un mois, jour après jour...J'ai en effet  travaillé comme vendeuse dans un magasin de plage où l'on vend entre autres des vers pour pêcher, des chaussures-pour-marcher-sur-les-cailloux-sans-se-faire-mal-aux-pieds, des épuisettes, des bateaux en plastique  et autres choses indispensables à tout touriste qui se respecte.

Les touristes, donc, on peut les diviser en plusieurs catégories :

- Les jeunes parents qui prônent la nouvelle éducation: pas de règles ! La marmote veut un pistolet-qui-fait-pschitpschit ?? On lui donne !! elle veut une bouée-avec titi-et-grosminet-dessus ?? Oui ma chérie ... Ceux-là vous font partager l'épuisement d'être parent et généralement remplissent la caisse à merveille, le cas n'est pas trop difficile à supporter si ce n'est les piaillements gégnards des gosses.RIMG2018

- Suivent ensuite les jeunes étrangers, on ne speak pas english, no, mais on arrive à leur faire acheter de tout par quelques signes bien compréhensibles de tout le monde...et quand ils veulent un masque à 50 euros, les langues se délient, l'anglais revient et on est tout sourire...

- On rentre dans les catégories difficiles, familles nombreuses, solitaires et personnes âgées... Les familles nombreuses d'abord: Le pater familias, belge de préférence au ventre rebondi, ne se prive pas pour me livrer ses dernières blagounettes :

Je vérifie systématiquement tout les billets et les réactions sont généralement de ce type :

- "Ah Ah Ah ! faîtes attention !! L'encre est fraîche, je les ait fabriqués cette nuit " suivi d'un rire pas du tout forcé...mais quel comique !! et un dimanche matin, complètement défoncée où j'étais un peu lente à rendre la monnaie :

-" Ah mais faudrait vous réveiller !!! Vous êtes molle dîtes donc !!" Et pan... prends toi ça dans ta figure...

VIennent ensuite les solitaires qui se consolent en pêchant des poissons (on fait ce qu'on peut) et qui tente de me faire la conversation:

-Moi qui chantonne

-Lui:  ' Mais vous chantez Nougaro là !! Toulouse, non ?? "

-Moi:" Euh non, je connais pas vraiment Nougaro"

-Lui: "Ah ben il faudrait pourtant, c'est excellent Nougaro !!"

...

-Vient ensuite la catégorie à risque, la plus dangereuse, la plus embêtante, la plus difficile à supporter... les vieux.

Un résumé de leurs paroles suffit à mon avis:

-La femme qui raconte sa vie-même-si-on-en-a-rien-à-faire: " Oui , vous connaissez pas un endroit où l'on peut s'amuser ?? Parce que là j'accumule les soucis, ma soeur est morte d'un cancer et comme j'étais trop triste, mon petit ami m'a quitté... ah oui c'est bien la famille, j'ai l'habitude, vous savez, j'ai 7 petits-enfants, enfin avant, j'en avais 8 mais mon fils vient de perdre sa fille dans un accident de voiture ... Alors, vous comprendrez que j'ai envie de ne plus penser à tout celà "

-Les aimables aux répliques cinglantes: " Non mais ne touchez pas !! Vous n'y connaissez rien et puis vous allez tout casser..." et une fois que j'ai trouvé la solution " Ah vous êtes intelligente en fait !"

-Les parisiens-qui-se-croient-tout-permis: " Comment ça vous voulez pas me faire la monnaie?? Mais à Paris, les commerçants vont chercher la monnaie tout les matins !! Et puis on est vacances, c'est pas croyable ça qu'on puisse pas faire ce que l'on veut ici !"

Pour finir en beauté:

J'encaisse un billet de 10 pour une épuisette à 5 euros...je ferme la caisse et dit "merci, au revoir !!"

17 août 2006

Crazy Rythms

the_feeliesIls se sont formés en 1976, ont duré jusqu'en 1992, ont pondu l'un des albums les plus marquants de cette période et pourtant personne n'a retenu leur tronches à lunette. Et c'est bien dommage car Crazy Rythms, sorti en 1980 a inspiré de nombreux groupes de la hype actuelle: Strokes, Artic Monkeys, Interpol et autres Editors.

     Voix acerbe à la Lou Reed, ryhtmes effrénés, guitares qui se rejoignent, se délaissent et s'embrasent enfin, l'énergie du punk, l'intelligence de la new wave... Joy Division n'a qu'à bien se tenir !

     Loveless Love est un titre qu'on ne peut oublier... un arpège lointain, puis deux, la deuxième guitare tranche, la batterie s'impose et un nouveau ryhtme apparaît; un solo et puis la voix. Profonde, dangereuse, tel un David Bowie enragé, puis le calme revient, le danger s'éloigne... Pour ne que mieux revenir avec une gamme vertigineuse et une fin troublée.

        Tout l'album continue sur cette lancée, rien n'est acquis, les titres s'enchaînent et ne s'oublient pas. Un son unique qui étonne et transperce la tête, de part et d'autres, selon les guitares qui s'enchevêtrent et s'imposent par leur clarté et leur beauté. Deux reprises: Everybody's got something to hide (except me and my monkey) des Beatles, urgentissime et Paint It Black, plus convenue et qui clôt l'album.

  Un album à redécouvrir d'urgence donc, pour se rendre compte définitivement que tout ces  english bend du moment n'ont strictement rien inventé...mais alors rien ...de rien !

Loveless Love à écouter ici

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14 août 2006

Patapam Patapoum

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, pour vos oreille  et pour votre cerveau...Voici un extrait du prochain album de Darkel, moitié de Air qui sortira le 18 septembre !!! Déjà joli monsieur ( à vérifier ici ), Jean Benoît noudarkels offre donc son album solo, et pour nous faire patienter, on peut trouver deci-delà des extraits...En voilà donc un , pour notre plus grand plaisir !!

                C'est à écouter     

       C'est plus nostalgique voire régressif que Air... la petite guitare au fond fait penser à du Neil Young avec par dessus du Kinks remixé par les Beach Boys ou l'inverse, celà importe peu...n'empêche que c'est très agréable à écouter et qu'on attend avec impatience ...le 18 septembre !!

13 août 2006

Un nouveau successeur de Syd Barret ?

Non, ce n'est pas le retour caché de Syd Barret mais l'arrivée de l' un de ses dignes successeurs... Je vous présente Syd Matters, trentenaire multi-instrumentiste mais surtout créateur de mélodies planantes, enveloppantes et surprenantes. syd_matters

      L'histoire commence en 2001 quand ce bricoleur instrumental fait partie de la liste CQFD des Inrocks, on découvre alors un nouveau venu qui chante en anglais, mélange Nick Drake, Radiohead, Grandaddy, et Syd Barret bien sûr... Des orgues galopants, de l'accoustique deci-delà, une voix envoutante et des petits plaisirs mélodiques à déguster à chaque instant. Chaque morceau est unique mais s'inscrit pourtant dans une autre démarche, celle de créer une atmosphère bien particulière à l'album, magique et irréelle. Syd Matters, en empruntant à Syd Barret le même prénom, lui rend hommage ainsi qu'à travers ses rythmes angoissés et ses trouvailles mélodiques peu communes. Mais il s'en démarque par une voix moins torturée, une ambiance plus joyeuse, comme dans Stone_man par exemple .

   Celà n'empêche pas la qualité de l'album, au contraire, on ressent un étrange apaisement à l'écoute de ces bijoux, accentué pendant les concerts où le ryhtme se fait plus rapide, plus saccadé mais nous transporte toujours ailleurs....Syd Matters continue son voyage dans son deuxième album Someday we will foresee obstacles, où les morceaux sont plus travaillé. Le passage en studio a fait disparaître la naïveté des débuts mais l'atmosphère est toujours là, la douceur, la sensibilité à fleur de guitare, telle est la marque de Syd Mattters.

    Un successeur, oui, mais pas seulement... Un créateur à part entière...

9 août 2006

Autres vues de Russie

Des trois romans que j'ai lu d' Andreï Makine, Le testament français est celui qui m'a le plus marqué, non pas que les autres soient mauvais - ils sont émouvants et poétiques - mais celui-ci est d'une densité émotionnelle exceptionnelle de la première à la dernière ligne. Le narrateur, un jeune russe des 70's, adolescent puis homme,makine découvre le passé français de sa grand-mère à travers les anecdotes qu'elle lui raconte. Il développe donc une autre identité, une sensibilité toute française qui n'existe pas dans ces temps brejnevien où Kalachnikov à la main, les adolescents combattent l'ennemi occidental imaginaire.

      Pourtant, cette double identité l'énerve, le blesse, le préoccupe, il ne sera jamais comme les autres. Un lien l'unit en effet à cette patrie qu'il ne connaît pas et qu'il nomme l' Atlantide: la langue, les instants uniques entre sa grand-mère et lui, les va-et-vient dans le temps et l'espace entre Staline et Félix Faure, les babouchkas et la maîtresse du président, les attentats anarchistes et les camps soviétiques. Andreï Makine nous retransmet cette vision, imaginaire, poétique, luxuriante...chaque instant, chaque mouvement, chaque paysage apporte une nouvelle sensation, plus riche que la précédente. On sent et ressent ce que le narrateur vit, les steppes, les déserts de Mongolie, les isbas, tout celà nous paraît proche et à portée de main.

    Pour l'auteur,"l'écriture ne se résume pas seulement à des mots, au style, ni même à l'enchaînement des phrases : c'est surtout une vision. On écrit avec les yeux, pas avec la plume." C'est exactement ce que l'on ressent à la lecture du Testament français, tout le roman n'est qu'un projection vers cet autre univers, cette Russie si différente, si immense, si déserte. Ce roman n'est pas seulement donc un roman initiatique ou autobiographique ( la vie d'Andreï Makine ressemble à s' y méprendre à cette histoire ) mais une poésie entière, construite et sensible. Ce n'est donc pas pour rien qu'il reçoit le prix Goncourt et Médicis en 1995...

6 août 2006

So Sexy

metric1Emily Haines est blonde,mince, sexy, porte des robes très courtes et des talons hauts roses. Non, ce n'est pas le dernier mannequin en vogue,une star de la télé-réalité, une Miss France ou la femme d'un footballeur; Emily Haines est la chanteuse-claviériste du groupe canadien Metric dont l'album Live it Out est sorti en 2005. Pourtant, l'aventure Metric commence sérieusement dès 2001 avec la sortie de leur premier album Grow up and Blow away, un concentré d'electro-pop efficace, aux paroles angoissées "Why does it feel so good to die today?" et masochistes "Rock me now". Un son déjà riche et original où se mêlent beat simplistes, synthétiseurs froids, riffs sulfureux et la voix suave d' Emily.

      Puis vient ensuite LE tube qui permet au groupe de sortir de son secret: Dead Disco joué par le groupe pendant le film Clean d' Olivier Hassayas en 2004, et qui rentre tout de suite dans notre tête pour ne plus jamais en ressortir... par les paroles " Dead Disco, Dead Fun , Dead Rock'n'roll", par le rythme, puissant et équilibré, par la mélodie enfin. Une énergie hors du commun, l'envie de tout casser, de partir avec Emily dans son monde rock'n'roll et d'y rester pour toujours. Voici Old World Underground, Where are You Now?. Porté par ce tube et par d'autres aussi efficaces tels Combat Baby et Succexy, Metric rejoint la tendance du renouveau rock-guitare de cette année 2003.Pourtant, ressort toujours la voix et le charisme d'Emily qui fait de ce groupe une sensation à voir, à déguster, à savourer sur scène et dans les oreilles.

metric2

    Le dernier album, enfin, Live it Out, sorti en 2005 et que le groupe fait découvrir au monde entier par ses nombreuses tournées...c'est lors de cette tournée que l'on découvre pourquoi Metric est un groupe au-dessus des habituels et ennuyants groupes pseudo retour-rock. Emily, toujours elle, occupe la scène, elle la hante, l'habite de sa présence. Les fans mâles ont les yeux écarquillés par ses jambes, les filles sont jalouses, mais tout le monde, ensemble, vit à son rythme. Un rythme qui ne s'arrête jamais, soutenu par ses camarades à chemise noire, lent parfois mais toujours riche en sensation. Poster of a girl,chanté en français appuie sa sensualité,  et des titres comme Monster Hospital ou Empty  ne laissent personne indifférents. Un concert à ne pas rater si possible, et un disque à écouter bien qu' éloigné du premier album et moins original. Les structures sont plus consensuelles et moins élaborées musicalement mais cet album n'en reste pas moins un des meilleurs disques du cru 2005...Pour tout les fans de bon rock donc, féminin et intelligent si possible !

30 juillet 2006

J'étais un kamikaze

Oui, certains kamikazes revenaient de leur mission-suicide, certes, ils n'en étaient pas fiers, certes, ils étaient rejetés par les officiers et leurs camarades, mais ceux-là on pu laisser le témoignage de ce que fut cette idée ignoble. Voici ce que raconte le livre de Ryuji Nagatsukakami: J'étais un kamikaze, les chevaliers du vent divin paru en 1972 en France et qui n'est malheureusement plus édité depuis. En effet, on gagnerait beaucoup à lire ce témoignage, à découvrir une autre vision de la deuxième guerre mondiale et plus particulièrement de la guerre de Pacifique.

      Cet étudiant pacifiste en lettres françaises qui pose ici avec sa mère et une de ses soeurs et dont le plus grand plaisir est de lire Georges Sand, devient au bout de moins d'un an de formation de pilote de chasse, un soldat prêt à sacrifier sa vie pour son pays, pour sa famille. Comment en arrive-t-il là ?   Tout d'abord, la situation catastrophique du Japon en 1944: les américains grignotent lentement mais sûrement les territoires conquis entre décembre 1941 et août 1942, de la Papouasie à la Malaisie, en passant par les Philippines, les marines reprennent le contrôle de la situation et coupent les arrivées de pétrole et de matières premières du Japon. Ne parlons même pas de l'avancée techniques des américains qui produisent un bateau par jour tandis que les japonais sont obligés de faire voler leurs avions d'entraînement avec de l'essence diluée dans de l'alcool...

      Une situation de plus en plus dure donc qui entraîne les Zols (surnom péjoratif des militaires japonais) à recruter de partout, y compris les étudiants qui étaient jusque-là dispensés du service militaire. Ceux-ci choisissent généralement l'aviation qui permet d'être nommé sous-officier très rapidement et ainsi d'éviter le  mauvais traitement des simples soldats.  Notre Ryuji se retrouve donc dans une école d'aviation où il comprend très vite que le combat sera inégal...malgré une volonté de fer et un énorme acharnement, les minuscules KI-27 ne peuvent rien contre les bombardiers éléphants que sont les B-29 , plus communément appelés Superfortresses. Ceux-ci , grâce aux victoires de Guadalcanal, de Midway et des Philippines, peuvent bombarder tranquillement les villes du Japon: Okinawa,Nagoya et bientôt Tokyo. Les attaques-suicides existent depuis octobre 1944 et contribuent à semer l'effroi parmi les américains: qui sont ces japonais fous qui se sacrifient pour leur patrie ? On pense alors que c'est pour l'empereur, figure sacrkami2ée du Japon que personne n'a jamais vu, on pense aussi et surtout que ces pilotes-suicides ont été contraints de laisser leur vie dans un aller sans retour.

         Pourtant, et c'est ce qui fait l'originalité de ce témoignage, il apparaît que de nombreux pilotes se sont portés volontaires pour ce genre de missions, par obligation certes, mais par obligation envers leurs familles, envers tout ces civils qui comptent sur leur aviation pour les protéger des bombes américaines toujours plus nombreuses. Bien évidemment, les officiers japonais cachent à leurs pilotes que ces missions sont peu fructueuses et que leur suicide est, la plupart du temps...inutile... Ainsi, grâce aux statistiques données dans le livre, on découvre que par exemple, le 6 avril 1945 lors de l'opération d' Okinawa, 255 pilotes se sont jetés sur des bateaux...mais qu'ils n'ont coulés que 5 navires, endommagé qu'un seul porte-avion et 12 destroyers. Le bilan paraît bien mince face au nombre de vie sacrifiée... On connaît la cérémonie qui précédait le départ des kamikazes, jeunes filles qui remuent des mouchoirs blancs, bon repas avec du saké et grande émotion.

Mais qu'en est-il des émotions ressenties pendant ce voyage sans retour ? C'est ce que nous fait dévouvrir Nagatsuka, notamment sa grande fierté de pouvoir enfin protéger sa patrie alors qu'il n'a jamais réussi à toucher un B-29, sa peur mais surtout son courage qui le pousse à la mort... puis la blessure et la honte lorsqu'il est obligé de rentrer à skami3a base sans avoir pu s'écraser sur un navire américain. Un livre émouvant donc, qui permet de suivre un cheminement de pensée qui conduit à la liquidation de son propre corps pour permettre à d'autres personnes de vivre...Grande réflexion également sur le sens de la vie,   que vaut-elle quand d'autres vies peuvent être sauvées? Que faire quand seule sa propre mort peut éloigner le danger étranger ? Ce livre y répond par la solution extrême et propose une autre vision des kamikazes, moins fous qu'ils n'y paraissent, engagés jusqu'au bout pour la survie de leur patrie.

Des sites explicatifs sur la guerre du Pacifique ici et sur les kamikazes (en anglais)

Toutes les photos proviennent du livre.

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