Ce soir c'est soirée glauque à Arles !!

Le festival Off (http://www.voiesoff.com/), qui se déroule en même temps que le festival in d'Arles du 4 au 9 juillet, propose à des photographes peu ou pas connus, d'exposer et de projeter leurs travaux, le meilleur étant récompensé par un prix. Ce festival est donc un tremplin pour toutes les nouvelles tendances qui s'expriment en dehors des académies, des écoles et des galeries. Chaque année, les organisateurs proposent un thème général et cette année est basée sur l'Afrique : "L'Afrique en face" .

     La soirée du 6 juillet commence donc par une vidéo de Mounir Fatmi, jeune marocain, qui essaie de nous faire entrer dans son monde très étrange,d'abord par différentes phrases telles que: " Et si on cachait tous nos yeux avec un ruban noir pour créer un nouveau regard ?" puis par des successions d'images pixellisées et de photos. Tout celà étant enveloppé de musique marocaine  et électronique. L'idée semblait bonne mais la mise en vidéo (de très mauvaise qualité d'ailleurs) rend mal la pensée de l'auteur et du même coup, devient rébarbative.On comprend mal son message, son idée principale et la vidéo transmet peu d'émotions ... Heureusement, la projection des auteurs sélectionnés arrive peu après et l'on rentre alors dans un autre univers.

    Tout commence bien avec Le Marcheur de Franziska Klose, le même homme en train de marcher est inséré dans différents univers et provoque chez les spectateurs un même rire. C'est ce qui se passe également pour d'autres travaux: un couple où l'homme regarde fixement l'objectif avec un terrible air d'ennui tandis que sa femme parle, fait le ménage ou danse; un autre met en scène des jeunes filles géantes au milieu de leur univers quotidien; et enfin, un dernier dérange une famille et en contorsionne ses membres dans tout les sens. Cependant, la vision globale de cette projection est caractérisée par une sensation de malaise, de désarroi, de malheur face à notre société.

    Les travaux mettent en effet en valeur la solitude: vieil homme replié comme un foetus au milieu de draps blancs par exemple...la détresse et l'incompréhension du monde. Des images "choquantes" se succèdent: homme montrant son pénis, couple faisant l'amour au milieu de New-York la nuit, bouts de viandes ficelés, vampires russes. L'homme apparaît complétement déshumanisé, mécanisé par ce sexe, ce sang qu'on lui impose jour après jour. La meilleure illlustration en étant les photos de poupées, qui, contrairement aux personnages des précédents travaux, rient , pleurent, expriment enfin quelque chose ...

    Cet ensemble de travaux serait donc une nouvelle tendance de la photographie, mais pose aussi de nombreuses questions: A force d'être conceptuelle et choquante, la photographie ne va-t-elle pas s'éloigner de son public ? Et quid des photos où une sensation de bonheur transparaît ? On ne peut certes s'arrêter à cette projection et surtout s'arrêter aux sujets car la qualité graphique et artistique sont bien présentes, mais alors quoi de neuf après cette tendance ? C'est certainement la recherche de la réponse à cette question qui va nous pousser à Arles l'année prochaine ...